Au Clos Notre Dame (Livry sur Seine), 5 sœurs originaires de nos 5 congrégations : Sr Raymond de Capoue Ferrares (Amillis) – Sr Anne Marie Gardères (St Maur – Mortefontaine) – Sr Marie Bernard Turpin (Hardinghen) – Sr Madeleine Lemonnier (Pensier Livry) – Sr Agnès Somme (Chalon) restée en chambre à cause de son oxygène.
L’année prochaine 2021, l’Ordre des Prêcheurs fêtera les 800 ans de la naissance au ciel de saint Dominique. Et nous, CRSD, fêterons aussi les 400 ans de fondation de deux de nos congrégations “souches” : Langres et Chalon ! Depuis le chapitre de 2017, nous voulons vivre cette prière du 9 décembre comme un signe d’unité entre nous toutes pour resserrer nos liens et “faire corps”. Reparcourir ensemble quelques étapes importantes de notre histoire peut nous aider à éclairer le moment difficile que nous sommes en train de vivre dans tous nos pays ainsi que dans le monde entier. Avant nous, bien des femmes courageuses et fortes dans la foi nous ont précédées et nous montrent la route. Parcourons avec elles ce chemin.
Un peu d’histoire…
En 1621, à Langres, 2 jeunes femmes, Jeanne Ganchry et Claudette Guyotet entrent dans le Tiers-Ordre séculier dominicain. Sept ans plus tard, elles achètent une maison, et, avec 5 autres jeunes filles pauvres, suivant la règle stricte des moniales, elles visitent les familles démunies et les malades et découvrent le besoin d’enseigner le catéchisme. En 1631, leur communauté sera affiliée à L’Ordre des Prêcheurs.
En 1621, à Chalon, 4 Dominicaines (Jacobines) du Monastère de Dijon, Mère Marie Blanche et les sœurs Anne de Marlon, Jeanne du Moulin et Marie Clerc fondent un Monastère basée sur une vie de prière et de pénitence dans la pauvreté.
C’est en cette même année 1621 que naissent 2 nouveaux projets de vie dominicaine, grâce à la foi et à l’audace missionnaire de quelques femmes. Pas de richesse, pas d’actions éclatantes, pas de succès visible… mais la force de l’Esprit et la disponibilité des cœurs. Nos origines sont petites et humbles, rappelons-le-nous !
1789 – Révolution française : le temps de la persévérance
A Langres en 1792, les sœurs du couvent sont dispersées par la force, mais elles continuent de se voir en cachette pendant des années. En 1802, trois d’entre elles, Mère Angélique de Vougécourt, sr Marie de saint Benoit Barrois de Santenoge et sr Hutinet réunissent à nouveau dans leur Monastère abandonné les survivantes de leur communauté.
A Chalon aussi, les sœurs doivent évacuer leur monastère et se disperser. Quatre d’entre elles, sœurs Charlotte Vuillermet, Marie Roma, Philippine Mugnier et Claudine Chaussier, logent ensemble et mènent leur vie religieuse en cachette. En 1821, Mère Philippine Mugnier et Mère Marie Roma achètent un ancien couvent et « refondent » le Monastère.
10 ans pour Langres, 19 ans pour Chalon, de vie religieuse cachée ! C’est le temps de l’épreuve, de la persécution, du silence de Dieu… le temps où il faut fonder à nouveau sa vie sur le Roc, Jésus. C’est aussi le temps où il faut apprendre à perdre, à mourir, à s’abandonner, à se donner totalement à Dieu dans une foi renouvelée, dans une persévérance quotidienne et dans une acceptation joyeuse de la volonté de Dieu.
1904 : Lois de suppression : le temps pour oser du Nouveau
De 1880 à 1904 sont appliquées des lois anticléricales en France, en particulier la dernière du 8 juillet 1904, qui refusent aux congrégations religieuses le droit d’association, leur interdit tout enseignement, confisque les couvents et les pensionnats : plus de 2500 établissements privés sont alors fermés. Toutes les congrégations de femmes sont dissoutes par l’Etat, y compris celles qui ont fusionné ensuite en CRSD : Langres, Neufchâteau, Nancy (Mortefontaine), Bar-le-Duc (Pensier), Sèvres (Montlignon), Hardinghen, Gramond. Seul Chalon évite la confiscation du Monastère grâce à leur premier titre de « contemplatives ». Elles peuvent habiter le couvent mais l’enseignement est interdit. Les sœurs des différentes congrégations vont chercher alors des « moyens » nouveaux pour continuer leur mission : certaines continuent d’enseigner, mais comme laïques, en civil, d’autres vont franchir des frontières … et même des océans (!) pour aller fonder hors de France, en Suisse, en Belgique, en Espagne, en Italie, en Angleterre, aux Etats-Unis, au Brésil.
Le contexte politique a créé une situation de bouleversement pour la vie religieuse. C’est le temps de prendre des options, de choisir, ou la sécularisation ou l’exil, de faire le deuil pour ce qu’on laisse, de résister en s’ouvrant à du nouveau. C’est le temps de demeurer en Dieu en cherchant des façons différentes de vivre. C’est le temps d’oser demeurer dominicaine, d’oser accueillir la taille qui va élaguer pour plus de vie.
2021 – Aujourd’hui : le temps de la confiance
Que notre histoire de CRSD, avec ses moments de croissance et ses temps de crise, soit pour nous aujourd’hui « maitresse de vie » : qu’elle nous aide à nous recentrer sur l’Essentiel, qu’elle nous encourage dans notre marche, qu’elle nous donne un regard neuf et créatif ! Qu’elle ouvre nos cœurs à l’intercession pour le monde à la suite de Dominique !
Bonne route ensemble !