Récemment, un membre du Secours catholique me partage avec enthousiasme sa dernière lecture, « La rencontre – Une philosophie » de Charles Pépin. Il conclut en disant que pour lui, ce livre a été un vraie rencontre.
En l’écoutant, j’ai été immédiatement habitée par la rencontre de Dominique et de l’aubergiste, cet épisode si déterminant et emblématique de sa vie et de celle de l’Ordre, que nous portons tous plus ou moins en nous comme une empreinte. Alors à mon tour, je me suis lancée dans la lecture et plus j’avançais, plus se dessinait devant moi le portrait de Dominique, homme de rencontre.
Comme pour Dominique, la rencontre nous est essentielle. Elle façonne notre personnalité autant que notre mode de gouvernement ; elle nous révèle à nous-même et nous ouvre au monde. Rencontrer « c’est se trouver projeté au seul d’un nouveau monde ; c’est une invitation au voyage ». Mais pour que la rencontre puisse avoir lieu, il faut quelques conditions.
Rencontrer, c’est accepter de sortir de soi, de sortir de sa zone de confort, de ce qui nous est familier… Quitter Osma. Mais, précise l’auteur, la rencontre aura d’autant plus de chance de se produire que nous aurons su nourrir notre intériorité, « comme une sorte de pas de deux » entre extérieur et intérieur, ou pour le dire en des termes qui nous sont familiers, entre contemplation et mission.
Rencontrer, c’est également ne rien attendre de précis, se rendre disponible à accueillir l’imprévu en étant curieux de l’autre, en ayant le goût de l’autre… Partir pour le grand Nord et se retrouver en Languedoc, avec une seule obsession : « Que vont devenir les pêcheurs ? ».
Rencontrer, c’est encore consentir à tomber le masque, ne pas se cacher derrière un rôle, mais assumer ses doutes et ses craintes sans les asséner… Se délester de ses apparats de clerc pour prêcher l’évangile à mains nues, avec comme seule arme le dialogue.
Dans nos familles ou nos communautés, nous pouvons parfois passer des années à côté de quelqu’un en le croisant plus qu’en le rencontrant vraiment. Alors, en cette année de jubilé où nous célébrons les 800 ans de la mort de Saint Dominique, laissons-nous aller à cette invitation au voyage pour être en toute occasion des femmes de rencontre. Il n’est jamais trop tard…
Belle fête de Saint Dominique !
Sr Marie-Laure Dénès, prieure provinciale